À la veille de la sortie du budget provincial, la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles (Table) et la Coalition des Tables régionales d’organismes communautaires (CTROC) réitèrent au ministre Bachand qu’il doit changer de cap. Les deux organisations rappellent que l’État se doit de redistribuer la richesse et maintenir des services publics accessibles et universels, en plus d’offrir un soutien adéquat aux organismes communautaires contribuant à la justice sociale.

La Table et la CTROC s’inquiètent du probable maintien de certaines mesures annoncées dans les budgets précédents. À l’instar de la Coalition Solidarité Santé, elles dénoncent la taxe santé, une tarification indirecte que le gouvernement appelle « contribution santé ». L’analyse des données sur la contribution santé du rapport de recherche d’octobre 2010 de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) nous fait voir que l’effet de cette taxe sur le budget d’un ménage est 8 fois moins important pour le quintile le plus riche que pour le quintile le plus pauvre. « Cette taxe déguisée est injuste et doit être retirée. Qui plus est, la population n’est pas dupe, elle sait très bien que le 200$ par adulte pourrait exploser pour maintenir la logique que le gouvernement installe » souligne madame Céline Morin, présidente de la Table.

La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, dont la Table et la CTROC sont membres, a proposé au ministre Bachand de nombreuses alternatives fiscales pour financer les services publics et les programmes sociaux sans appauvrir la classe moyenne et les plus pauvres de la société. « Le gouvernement protégera-t-il enfin le bien commun et les droits fondamentaux ? La hausse des frais de scolarité contrevient au droit à l’éducation, ce qu’aucune barrière économique et culturelle ne devrait entraver. Si le ministre Bachand voulait réellement que chacun paie sa juste part, il imposerait entre autres des redevances aux compagnies qui viennent piller nos ressources naturelles, reverrait les généreuses subventions qu’il leur accorde, lutterait réellement contre l’évasion et l’évitement fiscal et instaurerait un palier d’impôt supplémentaire pour les plus fortunés de notre société ! » d’ajouter Pierre-Philippe Lefebvre, porte-parole de la CTROC.

L’une des conséquences des choix budgétaires des dernières années est l’appauvrissement des personnes les plus démunies. Les organismes communautaires sont de plus en plus sollicités sans pour autant avoir les ressources pour y répondre. Dans la Politique gouvernementale de reconnaissance de l’action communautaire (2001), l’État s’engage à valoriser, promouvoir et soutenir l’action communautaire par des orientations générales et des balises nationales. « Quoi de mieux qu’un budget provincial pour y arriver. Pourtant, les budgets précédents n’ont pas permis de soutenir convenablement les organismes communautaires. Le budget du 20 mars respectera-t-il cet engagement vieux de plus de 10 ans ? » d’ajouter madame Morin.