Le mouvement communautaire autonome en santé et services sociaux a pu, au fil des années, être un lieu de transformation sociale dont les innovations ont inspiré de nombreuses politiques qui ont amélioré le sort de la population québécoise. Dans le contexte actuel, notre contribution au débat sur le prochain budget prend donc toute son importance.
Selon nous, les derniers budgets ont remis en question des principes fondamentaux que nous défendons depuis longtemps comme l’universalité, l’accessibilité, la qualité et l’intégralité des services publics au Québec. Nous demandons que les tendances ne soient pas reprises dans l’édition 2012-2013. Avant d’avancer des propositions pour le prochain budget, nous croyons donc utile de revenir sur les défauts que nous avons identifiés lors de l’analyse des précédents budgets, afin qu’ils ne soient pas répétés
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Ainsi, nous considérons que le budget 2012-2013 :
- Ne doit pas être régressif, inéquitable et élargir encore plus les écarts entre les plus riches et le reste de la population, soit face à la classe moyenne ainsi que face aux populations plus démunies.
- Ne doit pas modifier la politique de financement des services publics en ouvrant encore plus grande la porte à leur privatisation, à leur marchandisation et à leur tarification, que ce soit par un impôt régressif comme la « contribution-santé » ou par toute mesure s’apparentant au défunt « ticket modérateur ».
- Ne doit pas favoriser le financement philanthropique des services sociaux au détriment du financement collectif de ces mêmes services.
- Doit faire davantage pour le financement des organismes communautaires du domaine de la santé et des services sociaux.
Les années passées, nous prévenions le gouvernement que dans le contexte d’alors, celui-là même qui perdure encore cette année, la crise économique faisant encore sentir ses effets :
- Nous maintenons que l’État doit continuer de redistribuer la richesse et maintenir des services publics accessibles et universels, en plus d’offrir un soutien adéquat aux organisations civiles contribuant à la justice sociale.
La situation économique difficile des dernières années nous a malheureusement montré qu’il est urgent de consolider nos protections sociales et à quel point il est important d’axer nos choix budgétaires vers le soutien de politiques permettant de lutter efficacement contre les iniquités. Les impacts d’une réduction du panier de services ou de l’augmentation des tarifs publics seraient dramatiques, particulièrement pour les personnes vivant sous le seuil de faible revenu et de la classe moyenne inférieure. Toute mesure rendant l’accessibilité aux services proportionnelle au pouvoir d’achat serait une véritable régression sociale que nous dénoncerions avec vigueur.
Les organismes communautaires savent que l’accessibilité des programmes sociaux et des services publics est l’une des clés de voûte de la lutte à la pauvreté. Depuis plusieurs années, nous constatons déjà plusieurs reculs importants dans l’accessibilité aux services, particulièrement en santé et services sociaux. Nos organismes sont confrontés à de nombreux problèmes sociaux, tels que la pauvreté, la faim, l’itinérance, la violence et déplorent le manque de ressources pour y faire face.
Force est de constater que le gouvernement a fait son lit et que la recherche de l’équilibre budgétaire prime sur la santé et le bien-être des citoyennes et des citoyens. Mais il n’est pas trop tard pour changer d’idée et renverser la vapeur. Le gouvernement du Québec peut encore agir et a, selon nous, tous les leviers politiques pour adopter des mesures budgétaires qui pourraient à la fois réduire les inégalités de revenus et améliorer l’accès aux programmes et mesures sociales.
Pour y arriver, nous avons besoin de politiques fiscales permettant de taxer davantage ceux qui en ont les moyens. L’État québécois doit regarnir ses coffres par des mesures équitables et se donner les moyens de répartir équitablement la richesse collective et de garantir l’égalité des chances aux Québécoises et aux Québécois. Nous rejetons l’idée que la compétitivité économique soit la seule variable guidant nos choix, il faut avant tout favoriser l’équité.