Mercédez Roberge, de la TRPOCB, a participé au point de presse du lundi 24 octobre 2022 pour célébrer la Journée nationale de reconnaissance de l’ACA. Voyez ici la totalité du point de presse :

Le Plan d’action gouvernemental en action communautaire (PAGAC) et le budget 2022 n’ont pas répondu aux besoins des organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux (raccourci par OCASSS).

C’est plus que décevant, parce que le PAGAC n’a injecté que 37,1M $ pour le financement à la mission de 3035 OCASSS, et que seulement 3M $ s’ajouteront à l’an 2, et rien de plus pour les 3 dernières années du Plan.

Ces montants sont insultants puisqu’il en faudrait 10 fois plus, soit 370M $. Ils sont aussi incohérents face au portrait général, car ce n’est que le tiers du budget, alors que les OCASSS comptent pour les ¾ des groupes touchés. De plus, le silence du PAGAC concernant l’indexation des subventions est très dommageable.

Pour comprendre notre réaction, il faut décrire les OCASSS :

  • Des centres de femmes, des maisons des jeunes, des centres d’action bénévole, de lutte contre les agressions sexuelles, —- brisent l’isolement et agissent collectivement;
  • Que ce soit pour des conditions de santé mentale ou physique, la prévention du suicide, des dépendances ou des limitations fonctionnelles, —- des personnes et leurs proches y sont écoutés, s’entraident, défendent leurs droits et luttent ensemble contre les préjugés;
  • Ils critiquent et surveillent le réseau, notamment à l’égard de la santé des femmes, des personnes marginalisées, des réalités des communautés ethnoculturelles;
  • D’autres répondent autrement aux besoins de justice alternative, d’éducation à la non-violence, au travail de rue;
  • Des femmes y trouvent un hébergement sécuritaire suite à de la violence conjugale, des personnes itinérantes, des jeunes et des hommes en difficultés s’y réfugient;
  • Des groupes allègent des difficultés quotidiennes de sécurité alimentaire, accompagnent dans des contextes de proche aidance, de planification des naissances, etc.

Cette diversité est présente dans toutes les régions. Elle résulte de la mobilisation des communautés, pour exercer leur droit à la santé, par des pratiques qu’elles définissent, et en se réunissant dans des regroupements provinciaux, la Table en comptant 44.

Le Programme de soutien des organismes communautaires (le PSOC du MSSS), est responsable des subventions de fonctionnement des OCASSS. Puisque c’est le plus gros programme, les chiffres sont impressionnants, l’enveloppe actuelle du PSOC étant de 687M $, ce qui n’est que 1% du budget du MSSS.

Mais ce n’est pas parce que c’est le plus gros programme, que les OCASSS sont les plus financés, car une fois réparti chez tant de groupes on obtient des montants beaucoup moins impressionnants; le 37,1M $ du PAGAC ne correspond qu’à 12 000 $ par groupe.

Cette maigre augmentation s’ajoute à des subventions moyennes de 151 000 $ pour 85% des OCASSS ce qui n’est pas suffisant pour avoir une équipe de travail stable, réaliser des activités, et répondre aux besoins de la population. Le 15% restant est surtout constitué de ressources d’hébergement qui sont dans une réalité très différentes, fonctionnant 24 heures par jour (400 groupes ont plus de 350 000$).

Pour ce qui est de l’indexation, le silence du PAGAC est aussi très décevant pour les OCASSS. Même si le PSOC indexe les subventions, il appauvrit les groupes en utilisant l’Indice des prix à la consommation, alors qu’un groupe ce n’est pas un ménage. Dans un contexte d’inflation à 7-8%, ce n’est pas avec 2,9% d’indexation qu’on peut couvrir les hausses des frais de fonctionnement, notamment des salaires. Or, le PAGAC ne fait rien pour empêcher l’appauvrissement des groupes.

Les OCASSS revendiquent l’augmentation des subventions et l’amélioration du PSOC par la campagne CA$$$H (Communautaire autonome en santé et services sociaux – haussez le financement), qui s’adresse spécifiquement au MSSS, parce que les subventions se gèrent un ministère à la fois.

Solidaires de l’ensemble du mouvement de l’ACA, les OCASSS s’adressent aussi au gouvernement dans sa globalité en participant à la campagne Engagez-vous pour le communautaire, laquelle intègre les revendications des OCASSS et de tous les secteurs.

Le PAGAC aurait dû être un levier structurant pour tous les groupes de l’action communautaire autonome. Avec son mini-budget d’automne et avec celui du printemps 2023, le gouvernement doit faire mieux et soutenir convenablement les OCASSS, et tous les secteurs dont les besoins n’ont pas encore été répondus.

 

Merci